Je suis l'heureuse Maman de Quentin (6 ans) et de Pierre-Etienne (3 ans). J'ai rencontré tardivement leur Papa et les ai eu à 41 et 44 ans. Une première grossesse extraordinaire, un bébé merveilleux, le bonheur. On décide de recommencer, malheureusement, je fais une fausse couche, qui concrètement se passe plutôt mal; mais je me remets assez bien. Lorsque 6 mois après je suis de nouveau enceinte, c'est le bonheur, mais aussi l'inquiétude; j'espère tant le garder ! Cette grossesse n'est pas non plus surmédicalisée malgré mon âge... Je ne ne veux pas ! A l'échographie, toujours à cause de mon âge et parce que je refuse l'amniosynthèse, le médecin CHERCHE avant tout une trisomie 21... Il remarque juste que le champs entre la lèvre supérieure et le nez est très grand ! Malgré tout, cette grossesse est loin d'être aussi sereine que la première, d'autant plus que je prends assez peu de poids (9kg au lieu de 24 au 8ème mois de la 1ère).
Une césarienne est prévue à "Notre-Dame de Bon secours" dans le 14ème. Bébé se présente mal et juste avant sa venue au monde on appelle au secours le pédiatre dans la salle; on ne me présente pas mon bébé et on l'emmène je ne sais où, mon mari ne le quitte pas. On me dit simplement que c'est un petit garçon et qu'il a un syndrome de Pierre Robin. Dans la salle de réveil je hurle sans cesse que je veux voir mon bébé, on me répond qu'il faut le transférer dans un autre hopital, on cherche une place. Quelqu'un m'explique vaguement qu'il a un trou dans le palais et qu'il a sûrement du mal à respirer. Mon mari ne peut pas me rejoindre, je suis seule. Face à mon désespoir, on enfreint le "règlement" et on aménage un tout petit coin dans cette grande salle pour que je puisse apercevoir mon bébé "plein de tuyaux" dans une couveuse pendant une trop petite minute avant qu'il ne parte pour "St Vincent de Paul". Cela fait 5 heures qu'il est né.
Le lendemain matin, j'assure que je peux marcher, que je suis allée à "la selle" pour pouvoir être transférée aussi à St Vincent de Paul et je fais enfin connaissance de mon bébé, 24h plus tard.
Comme j'ai eu du mal à me sentir la Maman de ce petit bout, il était tellement petit, tellement fragile, tellement plein d'artifices, tuyaux, machines, proclive... Mais il m'a vite apprivoisé, il était tellement courageux ! Le personnel de néonat y a été pour beaucoup, elles sont toutes tellement formidable.
Et puis il y a eu la rencontre avec Madame Ginisty, calme, rassurante, nous expliquant sereinement les choses. Mon mari était très présent et très solide.
Pierre-Etienne est resté 3 mois en néonat où il était merveilleusement entouré, soigné et choyé... Et maintenant, 3 ans plus tard, je me rends compte que j'ai "oublié" les moments difficiles, et conservé seulement les meilleurs moments... Quel bonheur d'arriver chaque jour, de le prendre dans mes bras, de lui donner le bain, de le changer. Il se réveillait systématiquement quand j'arrivais.
A 1 mois, il a été opéré de deux hernies inguinales. Il a eu bien sûr quantité d'examens différents et je l'accompagnais bien évidemment à chaque fois dans différents hopitaux.
J'apprivoisais le SPR et vivais avec. Pierre-Etienne est de niveau 2 et n'avait pas de réflexe de succion... mais courageusement il a appris avec moi bien sûr, mais surtout avec le personnel de néonat. Quelle joie quand il prenait 10 ml dans la journée au biberon ! Quelle patience de chacune, quel courage de sa part.
Lorsque j'étais à la maison, je m'occupais bien entendu de Quentin, de mon mari, de la maison, mais je passais aussi pas mal de temps, seule dans ma salle de bain à "tirer mon lait" seule, en pleurant. J'ai craqué au bout d'un mois et demi, mais comme j'apportais mon lait quotidiennement à l'hopital, il a pu être nourri avec, à la sonde pendant environ 4 mois. C'était ma grande fierté ! On s'attache à peu de choses, mais c'est ce qui m'a permis de tenir debout...
Pierre-Etienne est arrivé le 19 février à la maison. Il n'était plus gavé, mais les 6 biberons demandaient toutes mon attention et duraient environ 1h... Suivi très régulier à l'hopital, pas de maladies la 1ère année, je le protégeais beaucoup.
L'opération a eu lieu lorsqu'il avait 11 mois1/2, et il l'a très bien supportée, malgré les attelles (rouleaux de PQ entourés de bandelettes sur les coudes pour ne pas les plier !)... et il a pris de mieux en mieux les bibs et mangé les purées de mieux en mieux.
Le reflux est traité quasiment depuis sa naissance au mopral + motilium, couché en proclive sur le ventre. Le coeur va bien. Le deuxième hiver est plus rude, et il enchaîne bronchiolites sur bronchiolites, en deux ans il a eu au moins 150 séances de kiné!!!
Mais maintenant , il est un petit bonhomme tout à fait comme les autres, il va à l'école, il est seulement plus suivi médicalement !!! Et quel tempérament de battant !
Quand je repense que dans la liste des prénoms que nous avions choisis, il y figurait en bonne place PIERRE-AUBIN !!!